Qu'est-ce qui fait donc l'originalité du village lorrain ?

Un groupement harmonieux de maisons en longues rangées opposées, avec des décrochements où le rythme des portes cochères, rondes ou carrées, entre les fenêtres et les petites portes, est essentiel, où la pente des toits très douce ( 22 à 25° ) est imposée par les tuiles creuses, hélas devenues rares : leurs couleurs passées évoquent la Provence. Des "flamandes" vitrées en émergent parfois encore. La largeur de la rue centrale, faite d'une chaussée et d'usoirs ou parges, sol réservé à l'usage de chaque foyer pour placer devant la façade son bois, ses outils... ou des fleurs. Les villages de pied de côte ou perchés ont des usoirs très étroits, parfois réduits à rien par l'élargissement de la chaussée.

La régularité un peu monotone de l'habitat rompu par l'église modeste, placée au centre ou au bout de la rue principale, par quelques constructions comme des lavoirs monumentaux ( Meuse ), des calvaires, par un manoir ou une demeure à tourelle, discrète et élégante. La maison lorraine étroite et profonde, souvent jointive avec ses voisines, donc sombre faute de fenêtres latérales : la cuisine au centre de la maison est éclairée par le conduit de la cheminée ou de la flamande. Le logement mis à part, le volume intérieur est énorme, jusqu'au toit soutenu par les hommes debout, troncs d'un seul jet du sol au faîte. Cette maison abrite, sous le même toit, hommes, bêtes, récoltes et matériel agricole, répartis en une, deux ou trois travées ou rains.

Les jardins, aussi larges ou étroits que les maisons qu'ils prolongent vers l'arrière, forment une couronne ( les meix ) de verdure et d'enclos qui est l'écrin du village. Sur les versants de la montagne vosgienne, les maisons s'isolent, la pente du toit s'accentue, mais on y trouve toujours la porte cochère et les trois travées.